Née le 29 septembre 1917, Catherine de Brunel de Serbonnes appartient à la très ancienne et aristocratique famille des seigneurs de Serbonnes, village situé à quinze kilomètres au nord de Sens. Catherine de Serbonnes partage sa jeunesse entre Paris où elle fait ses études et la vaste propriété de Serbonnes où elle passe ses vacances. Après avoir obtenu son baccalauréat, elle suit les cours de Sciences Politiques dont elle est diplômée en 1939. Elle prépare alors une licence de droit et envisage une carrière dans la diplomatie. A Sciences Po, elle fait la connaissance de Raymond Janot qu'elle épouse le 11 avril 1940 à Serbonnes. Elle partage alors les opinions de droite du milieu dans lequel elle vit et se sent très proche des Croix de Feu. Son mari est mobilisé en 1939. C. Janot demeure avec sa mère dans la propriété de Serbonnes jusqu'à l'approche des troupes allemandes. Après un court exode, elles sont de retour à Serbonnes vers le 15 juillet. C. Janot apprend que son mari est prisonnier. La propriété est occupée par une centaine d'Allemands ; elle leur tient tête, exigeant et obtenant que deux chambres soient laissées à sa mère et à elle. Elle n'accepte pas la politique de collaboration ; le racisme et l'antisémitisme lui sont intolérables.
C'est en décembre 1942 que les circonstances la conduisent à la Résistance. Un pilote canadien de la RAF dont l'avion a été abattu par la chasse allemande le 9 décembre 1942 a été recueilli dans une ferme du village. Le fermier est allé trouver Mme de Serbonnes qui a rappelé sa fille de Paris. Le pilote (Sidney Percival Smith) est transféré dans l'appartement parisien de Catherine Janot. Par l'intermédiaire d'un ami, étudiant en médecine d'origine anglaise, Bernard Courtenay Mayers, elle rencontre le père Riquet qui est l'aumônier de la conférence Laennëc, groupe catholique d'étudiants en médecine. Le père Riquet présente C. Janot à Robert Aylé et Frédéric de Jonghe, tous deux responsables du réseau d'évasion Comète. A partir de ce moment, C. Janot a des activités au sein de ce réseau dont les dirigeants lui demandent de continuer d'héberger des aviateurs dans son appartement parisien. C. Janot a parmi ses amis le docteur Jean de Larebeyrette, médecin sénonais qui lui a fourni des habits civils pour l'aviateur canadien. Elle le met en contact avec Robert Aylé qui le met en relation avec Philippe Viannay, fondateur du mouvement Défense de la France. En mars 1943, P. Viannay met en relation C. Janot et J. de Larebeyrette avec les responsables du réseau Vélite-Thermopyles, réseau de renseignement qui dépend du BCRA. C'est ainsi que se constitue le groupe sénonais du réseau Vélite-Thermopyles. C. Janot sert de « boîte aux lettres » pour ce réseau et reste en liaison avec J. de Larebeyrette qui se rend chaque semaine à Paris. Dénoncée au printemps 1943, elle doit entrer dans la clandestinité. Elle prend alors contact avec un autre réseau d'évasion qui dépend du BCRA, le réseau Bourgogne. Elle fait la connaissance d'un Allemand, Paul Fuchs, interprète à la Gestapo, catholique et anti-nazi. Il accepte de fournir à la Résistance des renseignements sur les dénonciations qui parviennent à la Gestapo et sur les arrestations qui vont avoir lieu. C. Janot transmet ces renseignements dans le cadre du réseau Vélite-Thermopyles dont Fuchs pour sa part ignore l'existence. C. Janot aide son mari à s'évader du Stalag où il est détenu. Elle lui envoie dans des colis des vêtements civils recouverts de galons militaires, des cartes, une boussole et des marks ayant cours en Allemagne que lui a procurés Fuchs. Raymond Janot réussit son évasion et arrive à Paris par le train le 31 août 1943. Il aide alors sa femme dans ses activités clandestines de résistance. C. Janot a donc participé aux activités de trois réseaux : deux réseaux d'évasion dépendant l'un des services britanniques (Comète) et l'autre du BCRA (Bourgogne) et un réseau de renseignement dépendant du BCRA (Vélite-Thermopyles).
C. et R. Janot quittent la France en avril 1944 par la filière du réseau Bourgogne. Ils traversent les Pyrénées, l'Espagne, arrivent au Maroc et gagnent l'Algérie. Après quelques péripéties, R. Janot peut être affecté à une unité d'esprit gaulliste et non giraudiste, les Commandos de France. Il participe aux combats pour la libération du territoire et est blessé devant Belfort. C. Janot devient conductrice d'ambulance. C. et R. Janot rentrent ensemble à Paris où elle est démobilisée en janvier 1946. Ils accompagnent le maréchal De Lattre en Indochine où R. Janot est son conseiller économique.
Nommé Auditeur au Conseil d'Etat le 2 janvier 1946, R. Janot est Conseiller juridique de la Présidence de la République de 1947 à 1951. En 1958, il devient comme conseiller technique dans le cabinet du général de Gaulle, chargé des questions constitutionnelles ; il est à ce titre l'un des rédacteurs de la constitution de 1958. Il est ensuite nommé Secrétaire général de la Communauté française (1959-1960), puis directeur général de la Radiodiffusion-télévision française (mars 1960 - février 1962). Il est maire de Serbonnes de 1947 à 1971, conseiller général du canton de Sergines et président du Conseil régional de Bourgogne de 1989 à 1992, sous l’étiquette UDF. Raymond Janot est mort le 25 novembre 2000 à Serbonnes. Chrétienne, Catherine Janot milite depuis le début des années 1970 au sein du mouvement interconfessionnel et humanitaire « Avoir Faim pour Partager », elle y lutte contre la misère et pour les Droits de l'Homme. Elle participe également au groupe de réflexion « Proche Orient » de la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix. En juillet 2001, le nom de Catherine et Raymond Janot a été donné au lycée polyvalent régional de Sens.
Sources : Archives privées de C. et R. Janot. Témoignages de Catherine et Raymond Janot (1994). Who's Who 1995-1996. Drogland Joël, Histoire de la Résistance sénonaise, ARORY, Auxerre, 2ème éd. 1998, 258 pages.
Joël Drogland