Claude Aillot

Claude Aillot est né le 19 août 1917 à Boulogne-Billancourt, aîné d’une famille de huit enfants. Son père, Gustave, dirige un atelier de menuiserie à Tonnerre.

 

C’est un militant communiste ardent qui ne ménage pas sa peine dans les luttes électorales. Claude Aillot obtient son certificat d’études en 1928. C’est un élève brillant qui obtient une bourse pour suivre ses études au lycée de Tonnerre, où il se lie d’amitié avec le professeur Abel Minard. Musicien et sportif, Il fréquente la jeunesse tonnerroise sur les stades et à l’harmonie municipale. En 1935 il contracte une grave pleurésie, suivie d’une longue convalescence en sanatorium. Son père meurt l’année suivante et Claude est obligé d’abandonner ses études pour soutenir sa famille. Il exerce plusieurs emplois et devient militant communiste.

En 1939 Claude Aillot est réformé pour raison de santé mais est mobilisé dans le service auxiliaire à Caluire. Il entre au peloton d’élèves-brigadiers et y retrouve Robert Loffroy, un autre militant communiste icaunais. Les deux hommes forment clandestinement une petite cellule communiste que rejoint bientôt Jean Froissart. Le jeu des affectations militaires conduit les deux hommes à vivre ensemble la débâcle. Ils se retrouvent dans le Quercy au moment de l’armistice. Claude Aillot rejoint le centre démobilisateur de Lalbenque dans le Lot et rentre à Tonnerre à la fin du mois d’août 1940. Il est embauché à l’atelier du menuisier Liger et se marie en décembre. Les autorités le placent aussitôt en résidence surveillée car le parti communiste est toujours interdit. Son responsable régional, René Roulot, prend contact avec lui probablement avant la fin de l’année. Il devient responsable des Jeunesses communistes. Il diffuse des tracts et des journaux communistes tout en cherchant à rallier des sympathisants. Il est épaulé par deux autres jeunes militants, Georges Baudoin et Marcel Clouzeau. Les réunions ont parfois lieu chez Minard.

Après l’attaque allemande contre l’URSS en juin 1941, la direction nationale du parti communiste appelle à développer le Front national. Claude Aillot y travaille en diffusant à l’automne les premiers numéros de L’Yonne et en cherchant à établir un dépôt d’armes. En décembre 1941 Robert Loffroy le rejoint et les deux hommes se rendent vainement à Lignères, un village de l’Aube, pour y récupérer des fusils. Jean-Pierre Ringenbach (« Gaston ») remplace René Roulot en décembre 1941. Il nomme Claude responsable du Front national pour le secteur. « Gaston » est arrêté le 29 janvier 1942 par les Allemands à Troyes et livre les noms de responsables communistes icaunais.

Le 5 mars 1942, la Gestapo et le commissaire spécial de Troyes arrêtent sept militants communistes dans l’Yonne. A Tonnerre l’arrestation a lieu en début d’après-midi à l’atelier. C’est d’abord le menuisier Liger qui est appréhendé et emmené chez lui par le commissaire pour une perquisition. Claude Aillot reste sous surveillance à l’atelier puis connaît le même sort. D’après les témoignages, les forces de police ont hésité car elles cherchaient un menuisier et n’avaient pas de nom. Elles auraient même été conduites à l’atelier après la découverte d’une facture chez Abel Minard. Le rapport du commissaire Grégoire indique le contraire. Claude Aillot est arrêté avec Abel Minard et conduit au quartier allemand de la prison d’Auxerre. Le menuisier Liger retrouve après son départ des tracts cachés dans son bureau. Claude est ensuite emmené et interrogé à Troyes avant de revenir à la prison d’Auxerre où il est mis au secret.

Le 30 avril 1942 il est fusillé comme otage au champ de tir d’Egriselles. Il a écrit la veille : « Ceci est ma dernière lettre. Dans quelques heures ce sera fini (...) J'avais rêvé beaucoup de choses et c'est ici que je pense bien fort à ma petite Paulette (...) Tu vois en ce moment j'entends sonner 9 heures et je me dis qu’à 6 heures demain matin ce sera fini. Vois que je ne tremble pas(...) J'espérais de beaux jours et ce printemps si beau est le crépuscule de ma vie à 25 ans (…) » Les Allemands lui ont laissé le droit d’ajouter un dernier mot juste avant l’exécution : « Ce 30-4-42, 5h ¼. Adieu mes chers tous. A vous mes dernières pensées. Toute mon affection. Ne m’oubliez pas.»

Au printemps 1944 un maquis de Libération-Nord et une compagnie FTP lui rendirent hommage en prenant son nom. Tonnerre lui a rendu des obsèques solennelles à la Libération.

Sources : ADY, 149 W, 1178 W et 149 W 22 844. Témoignages de Louise-Michelle Cestrières et Kaménéva Gadaud, sœurs de Claude Aillot (2000 à 2003). Témoignage de Robert Loffroy (2000 à 2003). Témoignage de Marcel Poux (2000). Loffroy Robert, Souvenirs de guerre, manuscrit inédit. Bailly Robert, Si la Résistance m’était contée…, Clamecy, ANACR-Yonne, 1990, 520 p. Le Travailleur de l’Yonne, 26 janvier et 28 septembre 1945. Mémoire du concours de la Résistance du collège Abel Minard, 1993.

Frédéric Gand

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