Luc Berton est né le 28 août 1921 à Migennes. Il est le fils aîné d’une famille de six enfants dont le père était cheminot. Son père, de la classe 1915, a fait toute la guerre, pendant laquelle il fut blessé, et qu’il a terminé en Orient. Luc Berton fait ses études à Migennes, et le 4 octobre 1937 il entre au centre d’apprentissage PLM (qui devient la SNCF en 1938) de Laroche-Migennes pour trois ans. En 1939, peu de temps après la déclaration de guerre, Luc Berton entre dans sa troisième année d’apprentissage. Il continue son travail d’apprenti pendant la drôle de guerre. En juin 1940, il évacue le dépôt de Laroche-Migennes avec sa famille. Ils arrivent le 20 juin à Banassac-la-Canourgue (Lozère), où ils sont logés dans un camp tout neuf, destiné à accueillir d’hypothétiques prisonniers allemands, jusqu’au début juillet. Pendant cette période, Luc Berton entend une retransmission de l’Appel du général de Gaulle et accueille l’armistice avec tristesse ; il affirme avoir pensé que toute défaite appelle un jour une revanche.
Le 3 juillet, l’ordre est donné aux seuls cheminots de regagner Laroche-Migennes pour la remise en fonction de la gare et du dépôt. Il franchit la ligne de démarcation à Moulins où il voit pour la première fois les Allemands ; il est frappé par leur arrogance. Le 9 juillet 1940, il reprend son travail d’apprenti. Il se marie le 31 août et il est promu ouvrier ajusteur SNCF, le 1er octobre.
Au printemps 1941, il se procure un revolver et six cartouches, avec l’idée encore vague d’agir à l’occasion. La même année, sa sœur Marcelle rédige des tracts à la main de sa propre initiative, et les distribue. Elle est arrêtée par l’Abwehr, mais est relâchée grâce à l’intervention du colonel en retraite chez qui elle travaille au Val de Mercy ; elle part en zone sud. Fin 1942, L. Berton entre en contact avec Léon Quarton qui est ouvrier au dépôt et dont il connaît les opinions politiques. Il intègre ainsi un groupe de FTP auquel appartient Roger Brissat. Souffrant de ne pas agir, les deux hommes entrent à l’antenne migennoise du groupe jovinien Bayard dans le courant de l’année 1943. L. Berton y retrouve les cheminots migennois Roger Varrey et Henri Pannequin qui sont ses anciens copains de football et anciens camarades de l’école d’apprentissage. Ils sont en contact avec Paul Herbin, le responsable du groupe Bayard. Au sein du groupe Bayard, avec Georges Boulommier, Luc Berton réalise dès la fin 1943, de petits sabotages de locomotives : entaille des tuyaux de freins, démontage du robinet de frein qui disparaît dans le foyer de la locomotive, poussière d’émeri dans les boîtes à huile etc.
Après l’arrestation de Roger Varrey le 1er avril 1944, Luc Berton, Jean Buet et Edouard May, se camouflent à Pourrain pendant une dizaine de jours avec la complicité du docteur Massé. De juin à août 1944, Luc Berton participe à des actions de sabotages ferroviaires et de transport d’armes. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, dans le cadre du Plan Vert, il participe avec Roger Brissat et Jean Buet, au sabotage par explosif, de quatre voies ferrées au pont de la Bouvette, à deux km de Laroche-Migennes. Au début du mois de juillet, il aide à la réception du parachutage d’armes et d’explosifs, réservé au groupe Bayard migennois et tant attendu, entre Bussy-en-Othe et Sépeaux. Le 27 juillet avec son frère et G. Boulommier, il sabote une dernière locomobile à l’explosif. Le 17 août, Luc Berton obéit à l’ordre de rassemblement des hommes du groupe Bayard sur les hauteurs qui dominent la vallée du Vrin. Après la Libération, il participe au « nettoyage » et à la surveillance de la région migennoise et de ses environs.
Le 1er octobre 1945, il s’engage au 1er Régiment des Volontaires de l’Yonne pour la durée de la guerre. Il est incorporé dans une section antichar de la 9ème compagnie du 3ème bataillon, sous les ordres du Commandant Perreaut. Le 7 décembre 1944, Luc Berton est gravement blessé à Michelbach. Il réintègre le dépôt de Laroche-Migennes, après une longue période de convalescence, en février 1946.
Trente ans plus tard, le 4 octobre il part en retraite, après avoir occupé différents postes d’employé de bureau au dépôt. Il adhère à l’Amicale Bayard dès sa création, et est l’un des fondateurs de la section migennoise Rhin et Danube. Il est membre de la FNCR et de l’ANACR. Il intervient, à partir des années 1980, dans les écoles pour témoigner de son action dans la Résistance et apporte son aide à ceux qui cherchent à étudier cette histoire. En 1959, il est élu conseiller municipal de Migennes, sans étiquette politique, et le reste jusqu’en 1977.
Sources : Archives privées de Luc Berton. Archives privées de Roger Brissat. Témoignage de Luc Berton (2000). Témoignage de Roger Brissat (2000). Témoignage d’André Lafeuille (2000).
Arnaud Fouanon.