La résistance locale partage ainsi le conseil municipal avec les conseillers élus en 1935 et maintenus par le gouvernement du maréchal Pétain. Le préfet observe pour justifier son choix « qu’Avallon est une ville essentiellement bourgeoise et commerçante (qui) n’a jamais voté socialiste ni communiste » et affirme que « certaines personnes représentant ces partis n’auraient encore à l’heure actuelle aucune chance de succès ». Le Comité cantonal de libération (CCL), dans sa réunion du 2 janvier 1945, conteste la composition du conseil municipal. Il condamne l’exclusion des résistants de la gestion municipale par les anciens conseillers et exige qu’on élargisse le conseil en nommant cinq nouveaux conseillers, ce qui donnerait à la Résistance la majorité dans la municipalité provisoire.
Le préfet cède à la pression du CCL. Le 11 janvier 1945, il prend un nouvel arrêté qui élargit le conseil de seize à vingt et un membres. Les cinq nouveaux conseillers sont François Mieilles, résistant, ex-PSF, président du CLL et du CCL, Alphonse Testard (Libération-Nord et SFIO), Robert Decoq (résistant et indépendant), Henri Dautin (Libération-Nord et indépendant), Georges Voyeux (Front national et communiste). La Résistance est désormais majoritaire dans la municipalité provisoire d’Avallon, avec treize conseillers sur vingt et un. Ce conseil permet à la gauche de s’implanter dans la vie politique avallonnaise. Neuf des nouveaux conseillers sont membres du CCL.
La composition du conseil municipal d’Avallon reflète la tendance générale des conseils municipaux de l’Yonne, où une partie des anciens conseillers municipaux élus en 1935 et maintenus par le gouvernement de Vichy restent en fonction à la Libération. Avallon est l’exemple type des municipalités provisoires nommées dans l’Yonne. Sens et Auxerre sont des cas exceptionnels où le personnel est totalement renouvelé par les comités de libération et le préfet.
Sources : ADY, 81 W 3 (affaires municipales d’Avallon à la Libération). Archives privées de Gaston Vée, CCL d’Avallon, réunion du 2 janvier 1945. Jollet Corinne, Le personnel politique et les pouvoirs locaux à la Libération dans l’Yonne. 1944-1945, mémoire de maîtrise, Université de Bourgogne, 1999.
Joël Drogland