15 novembre 1944 : Installation de la municipalité provisoire d’Avallon

Avallon.

Avallon est libéré le 19 août 1944 mais la mise en place de la municipalité provisoire se fait tardivement par rapport à Auxerre (3 septembre 1944) et à Sens (10 septembre 1944). Le Comité local de libération (CLL) n’établit la liste des membres de la municipalité provisoire que le 15 octobre 1944. Elle comprend vingt-trois membres dont neuf conseillers municipaux élus en 1935 et quatorze nouveaux conseillers. Le préfet dans son arrêté préfectoral ne retient que seize noms pour constituer la municipalité provisoire.

Le 15 novembre 1944, les seize conseillers municipaux s’installent à la mairie. La moitié d’entre eux a été élue en 1935 et maintenue par le régime de Vichy. Le premier d’entre eux est Georges Schiever. Né le 6 novembre 1877 à Avallon, élu conseiller municipal en 1912, il est devenu maire en 1919. En 1933, il a été élu conseiller général du canton d’Avallon à la mort du titulaire et réélu en 1934, sous l’étiquette radical indépendant. C’est un notable de droite. On trouve dans la municipalité provisoire sept conseillers municipaux élus avec lui en 1935 : le 1er adjoint, Henri Bonvalot (radical), le 2ème adjoint, Paul Petit (républicain indépendant), René Ducet (républicain), Gabriel Dupré (républicain), Joseph Millot (républicain), Maurice Patouret (républicain) et Camille Vincent. Les huit nouveaux conseillers sont Mlle Suzanne Gintzburger (résistante et républicaine), le docteur Georges Billaudet (républicain indépendant), Henri Crette (modéré et membre du Comité départemental de libération), Etienne Houroux (PSF et résistant), Théodore Petit (résistant catholique et MRP), Raoul Château (Libération-Nord et SFIO), François Landra (Front national et communiste), Pierre Allouis (radical-socialiste). 

Avallon

La résistance locale partage ainsi le conseil municipal avec les conseillers élus en 1935 et maintenus par le gouvernement du maréchal Pétain. Le préfet observe pour justifier son choix « qu’Avallon est une ville essentiellement bourgeoise et commerçante (qui) n’a jamais voté socialiste ni communiste » et affirme que « certaines personnes représentant ces partis n’auraient encore à l’heure actuelle aucune chance de succès ». Le Comité cantonal de libération (CCL), dans sa réunion du 2 janvier 1945, conteste la composition du conseil municipal. Il condamne l’exclusion des résistants de la gestion municipale par les anciens conseillers et exige qu’on élargisse le conseil en nommant cinq nouveaux conseillers, ce qui donnerait à la Résistance la majorité dans la municipalité provisoire. 

Le préfet cède à la pression du CCL. Le 11 janvier 1945, il prend un nouvel arrêté qui élargit le conseil de seize à vingt et un membres. Les cinq nouveaux conseillers sont François Mieilles, résistant, ex-PSF, président du CLL et du CCL, Alphonse Testard (Libération-Nord et SFIO), Robert Decoq (résistant et indépendant), Henri Dautin (Libération-Nord et indépendant), Georges Voyeux (Front national et communiste). La Résistance est désormais majoritaire dans la municipalité provisoire d’Avallon, avec treize conseillers sur vingt et un. Ce conseil permet à la gauche de s’implanter dans la vie politique avallonnaise. Neuf des nouveaux conseillers sont membres du CCL. 

La composition du conseil municipal d’Avallon reflète la tendance générale des conseils municipaux de l’Yonne, où une partie des anciens conseillers municipaux élus en 1935 et maintenus par le gouvernement de Vichy restent en fonction à la Libération. Avallon est l’exemple type des municipalités provisoires nommées dans l’Yonne. Sens et Auxerre sont des cas exceptionnels où le personnel est totalement renouvelé par les comités de libération et le préfet.

Sources : ADY, 81 W 3 (affaires municipales d’Avallon à la Libération). Archives privées de Gaston Vée, CCL d’Avallon, réunion du 2 janvier 1945. Jollet Corinne, Le personnel politique et les pouvoirs locaux à la Libération dans l’Yonne. 1944-1945, mémoire de maîtrise, Université de Bourgogne, 1999. 

 

Joël Drogland

 

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